Présentation de la commune

" De gueules à la grue d'argent essorant sur un mont de sinople"

Fidèle à son passé médiéval, la Commune de Rossinière a conservé dans ses armoiries la grue de ses anciens seigneurs, les comtes de Gruyère, comme toutes les communes de la haute et basse Gruyère.


Présentation de la commune par M. Jean-Pierre Neff, syndic

Pour accéder au Pays-d’Enhaut depuis la capitale vaudoise, la voie la plus directe, que l’on emprunte le rail ou la route, passe par Montbovon en terre fribourgeoise pour déboucher à nouveau en pays vaudois en franchissant les gorges du défilé de la Tine, entrée "Ouest" du Pays-d’Enhaut située sur la Commune de Rossinière.

La légende évoque l’émerveillement des premiers bergers traversant ces gorges, découvrant une vallée verdoyante et ensoleillée. La magie opère toujours de nos jours, bienvenue à Rossinière.

La commune, qui compte environ 550 habitants, s’étend d' "Ouest" en "Est" le long de la Sarine, protégée au "Sud" par la Dent de Corjon (1967 m) et au "Nord" par le Mont Cray (2070 m), comprenant le hameau de la Tine, le village de Rossinière et le hameau de la Chaudanne. Sa superficie est de 2'233 ha, dont près de la moitié est recouverte de forêts.

Rossinière est mentionné pour la première fois en 1115 et, dès l’origine, fait partie du Comté de Gruyère. Rossinière appartenait alors à la châtellenie d’Oex. Après la faillite du dernier Comte de Gruyère, le village passa sous la domination des Bernois. Ces derniers y établirent une administration communale et imprimèrent leur influence dans la construction de l’Hôtel de Ville en 1635 et de la Cure en 1774. Le gouvernement bernois ordonna en 1645 la reconstruction de l’église paroissiale détruite par un orage.

Avec les Bernois, le Pays-d’Enhaut devint protestant, aujourd’hui Rossinière fait partie de la paroisse protestante du Pays-d’Enhaut. Les autres confessions sont également représentées, et parmi elles une importante communauté darbyste.

Les principales familles originaires de Rossinière sont les Berdoz, Burnier, Dubuis, Henchoz, Marmillod, Martin, Massard et Pilet.

Patrimoine architectural

Trois fois, l’incendie frappa Rossinière : en 1600, 1776 et 1855, ce dernier détruisant toute la partie inférieure du village, des maisons de pierre ont remplacé les chalets brûlés. Malgré ces sinistres, le village compte encore de magnifiques bâtiments en bois des 17ème et 18ème siècles qui valent le détour.

Parmi eux, le plus connu est le Grand Chalet, classé monument d’importance nationale, au même titre que la Cathédrale de Lausanne ! Cet imposant chalet en madriers de 1754 a été acheté en 1976 par le peintre Balthus, aujourd’hui décédé, et son épouse la Comtesse Setsuko Klossowska de Rola qui l’occupe encore actuellement avec la famille. La Fondation Balthus, créée quelques années avant la disparition du peintre, a confié en 2018 son patrimoine au Musée Cantonal des Beaux-Arts (MCBA), donnant naissance dans la foulée à l’Association « l’Atelier de Balthus » qui scelle et renforce les liens entre Balthus, la Commune de Rossinière et l’Etat de Vaud. La toute nouvelle association gère l’activité culturelle entre la Chapelle Balthus (musée vivant sur la vie du peintre ouvert toute l’année), l’Atelier de Balthus visitable par le public et le Grand Chalet demeure de la famille, édifice emblématique, témoin du riche savoir-faire des artisans de jadis qui ont bâti le patrimoine architectural de la région.

On y découvre également la Maison de la Place, magnifique chalet de 1664 richement ouvragé, ainsi que l’Hôtel de Ville datant de 1635, propriété communale qui a été entièrement rénové en 2009 retrouvant son clocheton détruit en 1963. Cet important investissement de la commune a permis de «remettre au goût du jour» un bâtiment hôtelier comprenant un restaurant, une salle polyvalente et une dizaine de chambres renforçant ainsi l’offre hôtelière qui fait cruellement défaut dans la région.

Tout ce riche patrimoine architectural est mis en valeur au travers de manifestations et festivals alternant chaque année telles que le Royaume des chats, des expositions d’artistes et d’artisans, des conférences et présentations de professeurs et d’étudiants de l’EPFL, sans oublier le désormais incontournable Marché de Noël. Le village devient alors une véritable « scène ouverte », offrant un écrin hors du commun aux œuvres présentées.

Les autorités communales, les acteurs touristiques et régionaux ont pris conscience du potentiel qu’offre Rossinière, village authentique et vivant, où l’agriculture de montagne, l’artisanat et les traditions locales côtoient les mondes de l’art, de la culture et de l’architecture. Ces contacts et collaborations avec l’extérieur, de nature culturelle ou notamment avec les hautes écoles, permettent à la commune d’avancer dans des projets variés, renforçant l’offre touristique, mais aussi dans des projets liés à l’énergie, la construction et l’environnement, développant ainsi le tissu économique en valorisant le savoir-faire local.

Vie économique

En 2010, Rossinière fait partie des communes fondatrices du Parc naturel régional Gruyère – Pays-d’Enhaut, ayant pour but de préserver et mettre en valeur la qualité de la nature et du paysage et renforcer les activités économiques axées sur le développement durable.

Avec sa douzaine d’exploitations agricoles axées sur la production laitière, en particulier le fromage de L’Etivaz, mais aussi le fromage de brebis et de chèvre ainsi qu’une production de plantes médicinales cultivées en terrasses d’altitude, Rossinière est une commune rurale en premier lieu. La commune possède d’ailleurs une dizaine d’alpages avec chalets, loués à des amodiateurs locaux. Cette agriculture forte et vivante permet entre autres de réguler naturellement le développement urbanistique de la commune. 

Différents artisans, entrepreneurs et commerçants sont répartis entre La Tine et Rossinière : un antiquaire, deux ateliers de réparations de machines agricoles, plusieurs entreprises liées à la construction, particulièrement dans les domaines du bois, couverture, ferblanterie, installations sanitaires et chauffages, mais également des entreprises évoluant dans d’autres secteurs comme le graphisme et la publicité. Les moyens de communication toujours plus performants devraient permettre au secteur tertiaire de se développer au Pays-d’Enhaut.

A l’instar de bien des communes suisses, Rossinière a vu disparaître son bureau postal et son agence bancaire, mais peut toujours compter sur une boulangerie-épicerie et l'Hôtel de Ville qui contribuent à maintenir une « vie de village » et des espaces de rencontre.

Prévu d’être implanté sur une parcelle communale à proximité de la gare, un Centre d’Activités multifonctionnel « CARoss » regroupant des partenaires publics et privés est à l’étude en collaboration avec l’institut IBOIS de l’EPFL. La première étape a été franchie en 2017 avec l’entrée en vigueur du Plan de Quartier légalisant la zone. Avec l’augmentation de la cadence des trains sur l’axe Montreux - Interlaken, Rossinière a une carte à jouer en développant le secteur de la gare, porte d’entrée du village par le chemin de fer.

Vie sociale - Tourisme

Côté accueil, hébergement et restauration, Rossinière peut encore être fière de l’offre dont elle dispose, soit : L’Hôtel de Ville, hôtel - café - restaurant sur la place du village ; L’Elite, hôtel chaleureux dans les hauts du village, bénéficiant du calme et d’une magnifique terrasse ; le café-restaurant de La Chaudanne  offrant la meilleure fondue de la vallée avec terrasse dominant la source mythique portant le même nom, et un établissement gastronomique haut de gamme dans un cadre idyllique : Les Jardins de la Tour comptant 16 points attribués par le célèbre guide Gault et Millau.

Plusieurs habitants du village mettent également à disposition des chambres d’hôtes, particulièrement appréciées.

La commune compte également sur son territoire un EMS, « Chanella », qui fait partie du réseau de santé du Pays-d’Enhaut, important employeur de la région.

 Outre ses manifestations estivales, le village de Rossinière se veut un village vivant rythmé par le remuage du bétail, mais aussi par l’activité des sociétés locales qui témoigne des liens forts que les habitants entretiennent avec leur commune. Il y a l’Abbaye de Rossinière, chaque dernier samedi d’avril, qui permet à plusieurs générations de se retrouver autour du tir sportif populaire. Les fines gâchettes de la région font également partie des Armes Réunies du Pays-d’Enhaut. La Société de Jeunesse est également bien vivante avec son tir annuel mais aussi en organisant des manifestations mémorables comme la « meule à charbon ». Le  Ski-Club de Rossinière est propriétaire d’une cabane d’altitude et organise des concours de ski pour petits et grands. Pour finir, l’Echo de Corjon, brass band de qualité célèbre dans tout le canton et au-delà, donne chaque année un concert, apporte son soutien musical aux diverses manifestations et participe avec succès à des concours régionaux et cantonaux.

Tous ces rendez-vous annuels sont chapeautés par Rossinière Animations, société née de la fusion des offices du Tourisme du Pays-d’Enhaut, dans laquelle de nombreux bénévoles se dépensent sans compter pour organiser, entre autres, le 1er août, le marché villageois, l’apéro des commerçants. Ces bénévoles peuvent compter sur l’appui de la toute nouvelle association régionale Pays-d’Enhaut Région économie et tourisme.

Energie verte

La commune étant propriétaire de plus des trois quarts des forêts de son territoire qui jadis lui amenèrent prospérité et richesse, la Municipalité de Rossinière s’est également particulièrement investie dans la création du Groupement Forestier du Pays-d’Enhaut (G.F.P.E.), de droit public, qui gère aujourd’hui les propriétés publiques forestières de Château-d’Oex, Rougemont, Rossinière et de l’Etat de Vaud, et qui entretient l’important réseau de sentiers pédestres, très prisé par les randonneurs.

Cette gestion commune permet d’exploiter rationnellement les forêts publiques, de dynamiser l’économie forestière et également de faire avancer les projets « bois-énergie » dans la région. 

La commune de Rossinière a posé la première pierre à l’édifice en 2009, en parallèle à la rénovation de l’Hôtel de Ville, en créant un petit réseau de chauffage à distance au bois (pellets) qui alimente actuellement 17 logements dont deux publics. Cette installation devrait pouvoir prochainement se connecter à un réseau plus important à plaquettes forestières alimentant le village, construit dans le futur Centre d’Activités « CARoss » de Rossinière.

Toujours en lien avec l’énergie, la Municipalité de Rossinière se soucie de l’ensablement du lac du Vernex. Le barrage construit en 1973 a perdu aujourd’hui plus de 80% de son rendement énergétique. La commune relance régulièrement le canton et le producteur d’énergie, exploitant du barrage, pour trouver une solution à ce problème. Le souci de la commune est d’ordre paysager, mais aussi particulièrement d’ordre énergétique quand on sait que l’ouvrage existant pourrait produire beaucoup plus d’électricité « propre » une fois le lac désensablé.

Gestion communale

Ces dix dernières années, la population est en légère augmentation, des nouvelles familles se sont installées contribuant ainsi à baisser la moyenne d’âge des habitants, ce qui est important pour l’avenir de la commune.

Avec un point d’impôt aux alentours Fr. 25.00 par habitant, la Commune de Rossinière a peu de marge de manœuvre et aujourd’hui, même l’entretien courant des infrastructures devient problématique. La maîtrise des charges dans tous les dicastères demande une gestion rigoureuse de la part de la Municipalité qui doit constamment fixer des priorités. Des investissements importants ont été consentis ces dernières années comme par exemple la rénovation de l’Hôtel de Ville, l’entretien des routes et du réseau d’eau, ainsi que la mise en séparatif du village. D’autres investissements obligatoires attendent encore la commune, liés aux infrastructures routières, à l’assainissement énergétique des bâtiments, à l’entretien des chalets d’alpage, aux STEP et à la mise aux normes du réseau d’eau potable.

Comme toutes les communes, Rossinière s’acquitte de ses obligations financières envers le canton, factures sociale et police et, malgré ses faibles revenus fiscaux, arrive à équilibrer les comptes grâce à la solidarité des communes vaudoises par le biais de la péréquation intercommunale.

Si le mot « fusion » est encore tabou dans bien des esprits Damounais, force est de constater que, dans pratiquement tous les domaines, la gestion est aujourd’hui intercommunale entre les trois communes du Pays-d’Enhaut. Elle se traduit par des associations de communes, des groupements et autres institutions de droit public qui commencent petit à petit à montrer « les limites du système », notamment par leurs gouvernances qui substituent le pouvoir de décision aux législatifs et exécutifs communaux. 

Vous l’aurez constaté, comme toutes les communes vaudoises, la commune de Rossinière évolue avec son temps et se prépare du mieux qu’elle peut aux nombreux défis qui l’attendent ces prochaines années. 

Mais quoi qu’il arrive, Rossinière a de nombreux atouts à faire valoir : son patrimoine bâti et paysager préservé, son agriculture vivante et authentique, mais aussi le savoir-faire local et le dynamisme de ses citoyens. Ces richesses poussent les autorités à tout faire pour maintenir et développer harmonieusement une économie de montagne certes fragile, mais qui confère à notre région une qualité de vie hors du commun.

Alors venez tester par vous-même, rendez-vous à Rossinière !